vendredi, septembre 09, 2011

Tor des Geants 2011 - Edition 2

Dimanche 11 sept à 10h ce sera la départ du deuxième Tor de Géants. Ma deuxième édition également de ce superbe voyage de 335 km et 24.000D+. L'occasion à J-2 de vous faire part de mon plan de marche et de vous donner quelques clés.

Tout d'abord le suivi de la course sera disponible en live sur le site ou sur Twitter. Des pointages seront effectués sur un certain nombre de points de contrôle et dans les bases vie (à l'entrée et à la sortie). 
Egalement des suivis informés et passionnés sur Ultrafondus et Kikourous.


Mon dossard est le 37. L'organisation a choisi de donner le numéro correspondant au classement de 2010 pour les récidivistes. Tous les dossards inférieurs au numéro 200 sont ainsi affectés à cet effet. Il est impressionnant de voir que 10 des 14 premiers de l'an dernier repartent cette année. Ajoutés aux cadors venus s'ajouter comme Grégoire Millet, frère de Gui (3° l'an dernier), la lutte va être sévère devant.


Sur la proposition de ces derniers, j'ai d'ailleurs accepté de participer aux tests physiologique organisés par Grégoire avec les chercheurs des universités de Lausanne et de Verona. Ulrich Gross, gagnant de l'an dernier fera parti également des cobayes avec une vingtaine de concurrents. Les tests et analyses seront effectués avant le départ, à Donnas (mi-course), et à l'arrivée. Ils prennent environ 40mn/1h et consistent à étudier les données susceptibles d'être modifiées sous l'effet de la fatigue :

1. contrôle postural :   On reste debout pendant 3 x 50s sur une plateforme posturographique
2. Composition corporelle : par bioimpédance (système Zmetrix), la répartition des différents tissus du corps humain (masse grasse, contenu minéral osseux…)
3. Fatigue neuromusculaire : on évalue la baisse de force volontaire et avec une stimulation électrique des muscles du quadriceps et du mollet.
4. inflammation : prélèvement sanguin (par infirmière locale) + circonférence des cuisses et mollets (oedeme)
5. Technique / mécanique de marche et de course : marcher et courir (à 12 kmh) pendant 10 msur un tapis posé au sol.
6. Cognition – facultés cérébrales : un test sur ordinateur pour évaluer le ralentissement de notre petit cerveau

L'objectif est de comprendre les effets de l'ultra-fond sur l'organisme de façon holistique. 


Mon objectif en terme horaire se situe entre 93 et 103h, avec une arrivée jeudi matin au mieux. Je vais essayer de ne dormir qu'une heure par nuit (contre 1h30 en 2010) entre 2 et 4h du matin (heures durant lesquels nos organismes ont une tendance naturelle à s'effondrer) de préférence dans les refuges plutôt que les bases vie (tranquilité, seule dans une chambre versus un dortoir avec plein de monde qui bouge tout le temps).
Sur une base moyenne de 96h cela donne la progression suivante : 
Valgrisenche        dimanche 21h00     2010: dim 19h25, 20°
Cogne                  lundi 12h40           2010: lun 12h23, 14°
Donnas                lundi 22h00            2010: mar 0h38, 10°
Gressoney            mardi 15h00          2010: mar 20h47, 10°
Cretaz                  mercredi 1h30       2010: mer 9h30, 10°
Ollomont              mercredi 17h30     2010: jeu 3h24 , 11°
Courmayeur         jeudi 10h00           2010: ven 8h15, 37°

Je vais essayer de passer moins de temps dans les bases vie en limitant les douches et préférer les bains rapides dans les lacs en cours de route extrêmement réparateurs pour les jambes lourdes grâce au froid intense. J'espère ainsi compenser le temps des études à Donnas.

En terme d'intensité, je pense aller légèrement plus vite au départ cette année. Je suis en forme, et l'an dernier je sortais d'une angine qui a eu pour effet les deux premiers jours de me fatiguer très vite dans les montées, avec les 200 derniers mètres systématiquement très lent et épuisés, et même un léger MAM au Col Loson (alt.3.300). Me préserver jusqu'à mardi et jouer la course ensuite en faisant attention de ne pas non plus m'emballer. En 2010, me voyant revenir sur les premiers à chaque pointage (8ème au Col Terray km 260 env.), j'ai trop appuyé dans les descentes et je l'ai payé avec un blocage complet du releveur droit avant le dernier Col de Malatra à 10 km de l'arrivée. 15h de perdus dont 13h passées au refuge Bonnati avec des poches de glace. Il faut savoir mettre son ego dans sa poche jusqu'au bout.
En dépit de cela j'avais finis en 118h, donc les 103 étaient dans la poche. Je peux donc raisonnablement mettre ce temps comme la fourchette haute.

Au vu de l'expérience de l'an dernier, je pense être dans les 50 jusqu'à Valgrisenche, entre les 15/30 jusqu'à Valtournenche. Ensuite, si la forme est là, et que la bataille entre les favoris donne son lot d'abandons, je peux viser une place dans les 10. Dans les 20 me conviendrait très bien au vu du niveau cette année.

Au-delà du matériel obligatoire, comme d'habitude j'emporte mon pantalon, mes sur-gants goretex et une sous couche chaude. Cette année en chaussures j'ai deux paires de Brooks Cascadia. Testés chez Brooks en août dernier, je les ai testé en conditions réelles lors du Grand Raid des Pyrénnées, et c'est une merveille : neutre, semelle basse qui permet de courir sur l'avant, léger amorti sur l'avant du pied permettant de n'avoir aucune douleur même en se jetant sur les pierres en descentes, aucune ampoules ni échauffements. Je vais les alterner toutes les deux base vie. Mes bâtons Black Diamond ont également prouvé leur fiabilité et me permettent enfin de ranger mes mono-brins et me libèrent en descente avec un corps plus en avant et mieux équilibré.

La météo nous annonce un grand beau toute la semaine. Peut-être un peu de pluie le premier soir (en 2010 pluie et neige puis grand beau).

Dernier point : mon téléphone sera éteint toute la course et je ne m'en servirai qu'en cas de nécessité pour appeler le PC course. Donc inutile de vous acharner sur les sms, sauf après l'arrivée !
En tous les cas un grand merci au soutient de tous ceux qui me suivront le long de ce beau parcours.

Voilà un chouette voyage qui s'annonce !

lundi, septembre 05, 2011

Grand Raid des Pyrénées en mode On-Off-On

Ultime trail avant le Tor des Géants (11 sept '11), le GRP m'a permis de réaliser la sortie choc de dont je rêvais ... mais pas tout à fait comme prévu. 

ON
Inscris sur l'ultra de 160 km, finalement amputé du Pic du Midi du aux prévisions météos difficiles, je m'aligne à Vielle-Aure avec l'ami Bottle à 7h du matin sous un ciel finalement bien clément. L'orage est passé plus tôt dans la nuit. Mais on ne perd rien pour attendre. Top départ, la longue ligne droite permet aux 800 concurrents de s'étirer. J'estime qu'une trentaine de coureurs sont devant moi. De toute façon je m'en moque, j'ai décidé de courir ce trail en rythme TDG, l'objectif de l'année (335 km et 24.000D+ en environ 93/103h, à vos calculettes !), toujours dans le vert. La grimpette vers la station de Saint-Lary se fait au train toujours en courant avec un mix chemin/route putôt agréable pour se mettre en jambes. Ca se corse à la station avec une montée sèche sur les pistes de ski. J'aime pas les pistes d'alpin. Ces trucs métalliques plantés dans le décors, la montagne travaillée au bulldozer et à la dynamite, pouahhhh ! Heureusement, heureusement, passé le Restaurant Merlans, premier ravito, on retrouve la montagne originelle, un joli sentier au milieu des lacs, une merveille. On est pas beaucoup, un ou deux devant, idem derrière. Le Col de Bastanet franchi, on bascule sur une longue et belle descente vers Artigues. Un festival de rochers à sauter, je me régale, même si la pluie fait son apparition et rend le caillou fort glissant. J'en profite pour dépasser quatre coureurs - en bas 4 à 5 minutes d'écarts, c'est fou ce que la descente peut être efficace sur les chrono ! D'Artigues - deuxième ravito au 29° kil - je repars avec  David Wamster. Il me semble bien à l'aise dans les relances en montées, je laisse faire. Bien m'en prend, puisqu'il craquera dans la montée vers Sencours. Dommage, bien sympa. Il m'apprend qu'il est 8ème. Oulala, donc j'étais 9ème ! Quel départ finalement ! En revanche derrière ça revient fort. Normal, je ne lutte pas. Eric Arveux et Eric Ressencourt que j'avais doublé dans la descente, plus deux coureurs qui montent carrément en courant ! Esbrouffe ou super forme ? Peu m'importe. Sur le final je commence à avoir un peu la dalle, il a plu toute la montée, et je suis toujours en short/tshirt, mais le ravito du Col de Sencours n'est pas loin. "200 mètres horizontaux" m'annoncent deux bénévoles bien courageux par ce temps. Et là, comme dans un jeu vidéo, mon indice de vie à fait une chute vertigineuse. Un vent fou, la pluie, le froid. Ma veste et pantalon goretex dans le sac ne me protègent pas beaucoup. Un bénévole me suit. Craint il pour moi ? Je suis pris en charge au ravito comme pour un pit stop de Formule1. J'ai la tête qui tourne. Quatre soupes sont nécessaires pour me réchauffer. Je repars avec les deux Eric. Le temps de vider l'air de ma poche à eau, ils sont 200m plus loin. 

OFF
Je profite de la descente vers Hautacam pour me réalimenter. Double erreur fatales. Sans m'en apercevoir je loupe la bifurcation entre l'Ultra et le 80 km qui se coure le lendemain ... et poursuit sur le 80 qui est déjà balisé. Les Eric's m'appelleront en me voyant partir, mais je prend ça pour des encouragements de randonneur. Ce n'est qu'en arrivant à Tournaboup, point de jonction du retour du 160, que je me doute d'un truc. Je ne connais pas la parcours, ni la région, mais trouve bizarre de revenir plein Est. Mais bon, comme je n'ai pas quitté un seul instant le balisage (du moins le pensais je, n'ayant pas vu que j'avais eu 300 mètres débalisés au niveau de la bifurc). Je continue. Au Col de Barrèges, théorique km 137, je sais. Je téléphone au PC Course pour dire mon erreur et que je rentre par le parcours du 80. Mauvaise communication, finalement c'est le Sanglier (Emmanuel Lamarle qui fait le live de la course pour Ultrafondus), qui m'appelle et apprend la nouvelle au PC. Je finis en marchant bouclant le tour en 11h30 environ. Les deux Eric et David finiront 5, 6, et 7 du 160. Le bon peloton finalement. 

ON
Michel et Simon, les organisateurs et coordinateurs, ont pitié de moi, et dans un grand élan de générosité, me propose de repartir le lendemain avec le dossard de ... Géraldine ! Chouette ! 
Du coup bonne nuit de repos pendant que les copains se gèlent sur le Cabaliros les pieds dans la neige. Pierre Solignac (Soul) et Christophe (le mec avec qui il démonte et remonte des avions chez AF) avec qui on partage l'appart, et qui partent sur le 80, m'offre du rab de pâtes. Elle est pas belle la vie ! 
Et c'est partie à 5h du mat pour Géraldine, remontée comme une pendule (Comtoise). Je connais le parcours par coeur désormais. Les vannes auront fusées toute la soirée et encore le matin sur le thème sans variation de  "gaffe à pas prendre le tracé du 160 ...". Sgroumf et re sgroumf. 
Comme d'habitude sur une course qui n'est pas la mienne (tout le monde est ultra frais, pas moi), sur les trois premières montées (Portet, Bastanet, Sencours) je doit mettre le clignotant en permanence pour laisser passer des hordes de coureurs. En revanche dans les descentes c'est un véritable slalom entre des coureurs comme ventousés sur le cailloux. Je dois passer hors piste pour doubler, avec posé de pied dans les herbes sans trop savoir ce qu'il y a dessous. En un saut, parfois je passe des grappes de quatre ou cinq coureurs. Au Pic du Midi je suis 165ème, et à partir de là, tout en continuant à mon rythme, une folle remontée se met en route, en partie due aux descentes sans retenus, et au ralentissement général du peloton en montée. 128° à Tournaboup. On m'apprend que Bottle est parti il y a une heure du ravito. Objectif , le rejoindre au Col de Barèges. 91ème au Col de Barèges où je rejoins effectivement l'ami Bottle, quelle précision ! (d'ailleurs l'estimateur de Geofp l'avait prévu ! 82ème à Merlans, et après une dernière descente avec intoxication d'un coureur qui avait l'intention de rester derrière (recette : attendre une partie bien technique avec plein de pierres glissantes, vider sa gourde pour faire comprendre l'intention, sprinter, les chevilles étant priées de suivre), 77ème en 13h47 à l'arrivée. 

Epilogue
Un week-choc rondement mené, finalement presque mieux en vu du TDG que le 160 sec. Au moins n'ai je pas à récupérer d'une nuit blanche. Aucun problème de jambe et de pied, belle forme, mental en acier pour le TDG. Juste une tendinite ... à la main droite !!! A force de prendre la gourde à l'arrière du sac. Petite déception de ne pas savoir ce que j'aurais pu faire au scratch du 160, mais ce n'était de toute façon pas l'objectif. Alors basta. A refaire en mode On.
Un grand merci à Simon et Michel pour m'avoir permis de repartir. Aux bénévoles stoïques sous la pluie et le vent. Aux coureurs forts sympathiques, même ceux du 80 que j'ai un peu bousculé dans les descentes: sorry guys. 
Prochain rendez vous le 11 sept à 10h pour 4 jours et 4 nuits de bonheur en pays d'Aoste.